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Sa chute est d’autant plus vertigineuse qu’il était l’un des membres du gouvernement les plus populaires du Brésil. Silvio Almeida, 48 ans, ministre des droits humains et de la citoyenneté, a été démis de ses fonctions, vendredi 6 septembre, par le président Luiz Inacio Lula da Silva. Figure du mouvement noir, ce dernier est accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles sur plusieurs femmes travaillant dans l’administration fédérale, dont sa collègue Anielle Franco, ministre de l’égalité raciale.
L’information a été révélée la veille par une enquête du journaliste Guilherme Amado, publiée sur le site d’information Metropoles. Ce dernier a relayé des témoignages transmis par l’ONG Me Too Brasil, qui recueille la parole des victimes de violences sexuelles. Les faits concerneraient au moins quatre femmes ayant subi, ces dernières années, attouchements, baisers forcés et messages obscènes de la part de M. Almeida.
Parmi elles se trouvent donc Anielle Franco, 40 ans, militante féministe, noire, mais aussi sœur de Marielle Franco, conseillère municipale de gauche de Rio, assassinée en 2018. La ministre aurait subi des pressions insistantes de son collègue, tant verbales que physiques. Selon Metropoles, Silvio Almeida serait allé jusqu’à passer la main entre les jambes d’Anielle Franco lors d’une réunion de travail, en présence d’autres participants, en mai 2023.
Les faits reprochés sont d’autant plus choquants qu’ils concernent une icône de la gauche. A 48 ans, Silvio Almeida, avocat, professeur de droit et juriste émérite, était l’une des figures de proue de la pensée antiraciste. Son discours lors de sa prise de fonction, le 3 janvier 2023, fut considéré comme un monument d’éloquence. Le nouveau ministre y célébrait avec lyrisme les « oubliés » du Brésil… et promettait de « combattre tous les types de harcèlement ».
Sa sortie du gouvernement était inéluctable et a été décidée rapidement. Au terme d’une journée de consultation, où ont été reçus séparément Mme Franco et M. Almeida, Lula a mis fin aux fonctions de son ministre. « Quelqu’un qui pratique le harcèlement ne restera pas au gouvernement », prévenait-il dans un entretien à la radio dès le matin, tout en reconnaissant le « droit à la défense » de l’accusé.
Durant vingt-quatre heures, Silvio Almeida a tenté de sauver son poste et ce qu’il reste de son étoile. Dans une série de publications sur les réseaux sociaux, l’ex-ministre a réfuté avec véhémence les accusations, qualifiées d’« allégations absurdes ». L’avocat a annoncé son intention de recourir à la justice pour exiger des explications de l’ONG Me Too Brasil et tenterait, selon la presse, de rassembler divers échanges de messages et de vidéos avec Mme Franco, censés démontrer son innocence.
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